27 septembre 2022
Titre: L’astronomie dans les tables de l’an mil : l’exemple du registre capitulaire de Saint-Emilion
Par : Jean-Paul Parisot
Abstract:
Très récemment, dans le cadre d’une exposition aux Archives Départementales, les historiens de l’Université Bordeaux Montaigne ont découvert, dans un manuscrit du 12e siècle (la plus ancienne archive écrite de St-Emilion) une table astronomique reliée (accidentellement ?) au XVIe, sans rapport avec celui-ci. Constituée de 59 lignes et 19 colonnes, elle présente sans aucun doute une signature lunaire. Elle est constitué de lettres de 3 alphabets latins, composés de lettres standards et de lettres ponctuées (avec un point à droite ou à gauche); il s’avère que c’est la seule table médiévale portant ces lettres, ce qui va faciliter son identification.
En réalité, elle complète les calendriers liturgiques chrétiens; apparue en 725 dans les oeuvres de Bède Le Vénérable, elle est accompagnée de dizaines d’autres pages astronomiques (techniques et pédagogiques). Les nombreux manuscrits qui naissent à partir de cette date (appelés calendriers carolingiens) deviennent le support de l’enseignement de Charlemagne, pour disparaître complètement au XIIIe siècle en raison de 2 évènements indépendants : l’arrivée d’une astronomie de très haut niveau transmise par le monde musulman et la création des universités.
En me basant sur quelques manuscrits (dont ceux d’une personnalité locale, Abbon de Fleury), je présenterai l’usage que l’on peut faire de cette table, qui constitue un calendrier lunaire perpétuel d’une précision d’environ 2 jours sur la lune astronomique. En m’écartant du contenu liturgique, je mettrai l’accent sur quelques points inattendus de cet enseignement (les marées, les mouvements planétaires « fantaisistes », la tentative de numération à base 10 et le cryptage des messages)